Harcèlement de l’employeur pendant un arrêt maladie : comment se protéger efficacement

Harcèlement de l’employeur pendant un arrêt maladie : comment se protéger efficacement #

Reconnaître les formes de pression et de harcèlement subies pendant un arrêt maladie #

Les agissements caractérisant le harcèlement employeur lors d’un arrêt maladie se révèlent généralement insidieux et multiformes. Nous croisons régulièrement des situations où des salariés reçoivent des sollicitations répétées : relances téléphoniques, courriels insistants pour exiger des informations sur l’évolution de leur état de santé, interrogations quant à la date de reprise, voire injonctions directes à se présenter au poste, alors même que l’avis médical ne le permet pas. En 2022, plusieurs salariés d’une chaîne de grande distribution ont signalé la réception de messages quasi quotidiens du responsable RH, leur rappelant les « conséquences » d’une absence prolongée. Cet empressement à obtenir une reprise rapide, sans considération pour la prescription de l’arrêt, traduit une stratégie de pression évidente.

Nous observons aussi des tentatives de culpabilisation, où l’employeur laisse entendre que l’absence désorganise l’équipe ou met en danger l’activité, accompagnées, parfois, de menaces discursives sur la stabilité de l’emploi (« Votre poste risque d’être supprimé », « Dans ces conditions, il faudra envisager un remplacement »). Ces comportements, même à distance et sans contact physique, s’apparentent à du harcèlement moral tel que défini par l’article L1152-1 du Code du travail : des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits, à la dignité, ou à la santé physique ou psychique de l’employé.

  • Sollicitations téléphoniques et électroniques répétées durant la convalescence, souvent sous prétexte de « prise de nouvelles ».
  • Pressions pour obtenir un certificat anticipant la reprise, voire remise en cause de la légitimité de l’arrêt maladie.
  • Menaces implicites de licenciement ou de remplacement définitif.
  • Mises en cause écrites de la « motivation » ou de la « loyauté » envers l’entreprise.

Cette réalité juridique et humaine révèle la nécessité d’identifier et de documenter toute interaction employeur-salarié durant l’arrêt maladie, car tout message, convocation ou remarque insistante peut constituer une forme de harcèlement moral susceptible d’engager la responsabilité de l’employeur.

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Conséquences du harcèlement moral sur l’état de santé et la situation professionnelle #

Les effets du harcèlement patronal pendant un arrêt de travail excèdent largement la sphère professionnelle. D’après plusieurs études médicales et témoignages, la détérioration de l’état de santé du salarié s’accélère dans ce contexte : troubles anxieux, troubles du sommeil, exacerbation des symptômes à l’origine de l’arrêt, voire majoration des risques dépressifs. En 2023, une salariée du secteur hospitalier, initialement arrêtée pour épuisement professionnel, a vu son état se compliquer par des crises de panique à la suite de pressions récurrentes sur sa boite mail professionnelle.

Le sentiment d’isolement s’accentue, car la rupture du lien social imposée par l’arrêt, couplée à l’insécurité professionnelle induite par les agissements de l’employeur, aggrave le repli sur soi. Nous constatons, chez de nombreux salariés concernés, une peur persistante de perdre leur emploi ou d’être écartés lors de la reprise. La dimension pathogène de la situation requiert bien souvent la reconnaissance médicale officielle, notamment via la mention explicite du contexte harcelant dans le certificat d’arrêt maladie. Des médecins du travail alertent sur l’augmentation des prolongations d’arrêts pour cause de syndrome d’épuisement lié au harcèlement, nécessitant une prise en charge psychologique spécialisée.

  • Aggravation de la pathologie initiale ou apparition de nouveaux troubles psychiques
  • Difficultés de réintégration lors de la reprise (perte de confiance, méfiance envers l’employeur)
  • Besoin accru d’accompagnement médical et psychologique, parfois jusqu’à la reconnaissance d’une inaptitude au poste

La légitimité de l’arrêt maladie doit être réaffirmée, le certificat médical constituant alors une preuve de la situation et une protection face à toute tentative de contestation de l’employeur.

Protection légale du salarié en arrêt maladie victime de harcèlement #

La législation française offre une protection renforcée à l’employé victime de harcèlement moral, notamment lorsque ces faits surviennent pendant un arrêt maladie. L’article L1152-2 du Code du travail prohibe formellement le licenciement ou toute sanction disciplinaire consécutive à l’exercice d’un droit, en particulier le bénéfice d’un arrêt de travail médical. La jurisprudence a confirmé que le licenciement prononcé en réaction à un arrêt maladie motivé par une situation de harcèlement moral est nul de plein droit. En 2023, un tribunal prud’homal a ainsi annulé la rupture du contrat d’un cadre de l’immobilier, confirmé en arrêt par son médecin et menacé de licenciement pour « désorganisation de l’entreprise ».

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Nous mettons en avant la responsabilité de l’employeur : il lui incombe de garantir la santé physique et mentale de ses salariés, y compris durant leur absence, sous peine de sanctions civiles et pénales. Le manquement à ce devoir de protection, notamment la persistance de contacts inappropriés ou de pressions, expose l’employeur à une condamnation pour harcèlement moral. La victime peut saisir le Conseil de prud’hommes pour obtenir la cessation des faits, l’indemnisation du préjudice, voire la nullité du licenciement en cas de rupture du contrat.

  • Interdiction de toute sanction disciplinaire ou licenciement en raison de l’arrêt maladie et de son motif
  • Responsabilité juridique de l’employeur, même en cas de pression « à distance »
  • Reconnaissance du harcèlement moral comme délit, sanctionné par le Code pénal
  • Droit du salarié à réclamer dommages et intérêts pour préjudice subi

En cas de harcèlement lors d’un arrêt maladie, la sollicitation rapide d’un conseiller juridique ou d’un avocat du droit social s’avère indispensable pour garantir la préservation de ses droits.

Quels recours en cas de harcèlement de l’employeur pendant l’arrêt maladie ? #

Face à une situation de harcèlement, la constitution d’un dossier précis demeure la première étape : conserver tous les messages, courriels, SMS, ou preuves de tentatives de contact inappropriées. Les témoignages de collègues ou de proches informés de la situation peuvent venir appuyer la démarche. Nous recommandons d’informer le médecin traitant ou du travail et de lui transmettre les éléments tangibles documentant la pression ressentie : la mention de ce contexte dans le dossier médical renforce la crédibilité du dossier lors d’un contentieux ultérieur.

Si le dialogue n’a pas permis de faire cesser les agissements, il devient approprié d’avertir la médecine du travail ou l’inspection du travail. Le dépôt d’une plainte pour harcèlement moral auprès du commissariat ou du procureur de la République est envisageable, tout comme la saisine du Conseil de prud’hommes pour demander réparation. Nous conseillons vivement d’agir avec le soutien d’un professionnel du droit, qui saura ajuster la stratégie (conciliation, action en référé pour obtenir l’arrêt immédiat des faits, constitution de partie civile, etc.) et protéger la victime tout au long de la procédure.

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  • Rassembler et conserver les preuves : captures d’écran, historiques d’appels, attestations écrites
  • Consulter un médecin pour l’établissement d’un arrêt mentionnant le contexte harcelant
  • Alerter la médecine du travail, qui peut intervenir auprès de l’employeur
  • Porter plainte au pénal pour harcèlement moral, si nécessaire
  • Saisir le Conseil de prud’hommes pour faire valoir ses droits et obtenir réparation
  • Engager un avocat en droit du travail pour sécuriser la procédure

La protection du salarié ne s’arrête pas à l’arrêt maladie : une action rigoureuse permet de rétablir ses droits et d’engager la responsabilité de l’employeur fautif.

Prévenir le harcèlement lors d’un arrêt maladie : recommandations pratiques #

Limiter les risques de harcèlement durant l’arrêt maladie exige une posture proactive. Il s’agit d’établir, dès la notification de l’arrêt, des règles claires quant à la gestion des échanges professionnels. Nous incitons à privilégier la communication écrite et formelle : toute demande d’information ou sollicitation de l’employeur doit être consignée – l’absence de réponse immédiate durant l’arrêt étant légitime et opposable en cas de contentieux.

Informer son supérieur hiérarchique ou le service RH, par écrit, de la nécessité de respecter la confidentialité et la tranquillité durant l’arrêt prévient de nombreux abus. Il s’avère précieux de s’appuyer sur les relais internes tels que les représentants du personnel, membres du CSE, ou syndicats : ils interviennent rapidement lorsqu’un salarié signale des tentatives de contact jugées abusives, leur rôle étant de rappeler à l’employeur ses obligations légales.

  • Rédiger un courriel précisant la période d’indisponibilité, uniquement joignable pour des raisons administratives impératives
  • S’appuyer sur le CSE ou les délégués syndicaux pour signaler les comportements à risque
  • Faire appel à des associations spécialisées dans l’accompagnement des victimes de harcèlement moral
  • Conserver la trace de tous les échanges et interventions, qu’ils proviennent de l’employeur ou de tiers

L’expérience montre que la vigilance dans la gestion des échanges, combinée à une information claire sur ses droits, limite efficacement les dérives et permet au salarié de se consacrer à sa reconstruction, sans craindre de représailles liées à la maladie ou à son absence temporaire.

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