Décryptage du « Degré 1 Échelon 2 » pour l’Aide à Domicile : Missions, Évolution et Réalité du Métier #
Définition concrète de l’échelon 2 au sein du degré 1 #
La réforme opérée par l’avenant 43/2020 redéfinit la classification des métiers d’aide à domicile pour refléter la montée en compétence des salariés.
Le degré 1 correspond à l’ensemble des emplois d’exécution courante intervenant principalement sur des tâches essentielles et générales – entretien du cadre de vie, aide à la préparation des repas, gestion du linge, accompagnement social basique – auprès des particuliers. L’échelon 1 concerne le salarié en phase de découverte et d’appropriation du métier.
L’échelon 2 représente une première étape de progression :
- Le professionnel maîtrise de manière opérationnelle l’ensemble des activités de base du poste.
- Il intervient sous la responsabilité directe d’un supérieur hiérarchique, le plus souvent un responsable de secteur ou une coordinatrice locale au sein d’associations comme ADMR ou UNA.
- L’exercice s’effectue quasi exclusivement auprès de publics autonomes ou semi-autonomes : personnes âgées valides, familles fragilisées sans dépendance lourde, personnes en post-hospitalisation ne nécessitant pas d’assistance médicale.
L’échelon 2 implique :
- La capacité à appliquer les procédures et consignes sans supervision continue,
- Un niveau d’expérience suffisant pour assumer des situations courantes, gérer la relation avec le bénéficiaire et adapter ses gestes professionnels respectant le Plan d’Intervention Individualisé,
- La possibilité d’assurer des remplacements ponctuels de collègues au même niveau de responsabilité.
Exemple concret : Marie Lefèvre, embauchée en septembre 2021 à Abrapa Strasbourg (secteur de l’aide à la personne du Bas-Rhin), passe de l’échelon 1 à l’échelon 2 après six mois d’accompagnement, justifiant d’une autonomie opérationnelle sur la prise en charge de quatre bénéficiaires semi-autonomes et d’une validation de ses savoir-faire lors d’un entretien d’évaluation.
Contours et spécificités des missions à ce niveau de la grille #
Les activités de l’aide à domicile au degré 1 échelon 2 s’étendent à l’ensemble des tâches déterminantes pour le maintien à domicile, excluant toutefois les interventions médicalisées.
- Entretien du logement : gestion complète des sols, pièces de vie, sanitaires, lessivage ponctuel, désinfection selon les protocoles (notamment en période de pandémie, telle que le Covid-19 en 2020-2022).
- Préparation de repas équilibrés adaptés aux régimes, conseils en hygiène alimentaire, réalisation de listes de courses avec ou sans accompagnement physique des bénéficiaires.
- Gestion du linge domestique et des vêtements personnels :
- Tri, lavage, repassage, rangement
- Suivi de l’usure, alertes en cas de besoin de renouvellement
- Accompagnement administratif simple : aide à l’ouverture du courrier, classement des documents, explication des échéances de factures (exemple : paiement de la redevance audiovisuelle, renouvellement d’abonnement auprès de EDF ou ENGIE), démarches sur impots.gouv.fr.
- Soutien moral : écoute, présence, échange autour des actualités locales (comme l’organisation des élections municipales de mars 2026), médiation pour maintenir le lien social et alerter le réseau familial en cas d’isolement accru.
Ce niveau d’intervention exclut les soins à la personne (toilettes médicalisées, aide à la prise de médicaments, mobilisation de personnes dépendantes en fauteuil) qui relèvent de l’auxiliaire de vie au degré 2 ou du TISF (Technicien de l’Intervention Sociale et Familiale).
- Exemple d’organisation concrète : À Aide à domicile en Rhône-Alpes (ADAR Rhône), près de 370 salariés de niveau degré 1 échelon 2 prennent en charge, en 2023, environ 3200 personnes âgées autonomes réparties sur les départements du Rhône et de la Loire pour des interventions à la semaine, principalement sur des créneaux de 2 à 4 heures.
Évolution professionnelle et perspectives de formation #
Pour accéder à l’échelon 2, le passage s’opère dès lors qu’un salarié démontre une maîtrise opérationnelle des missions de base, appuyée sur une évaluation interne selon les critères définis par l’employeur, généralement lors d’un retour sur expérience structurellement balisé par les services RH ou la coordination des ressources humaines.
- Une ancienneté de quelques mois à un an facilite ce passage, sous réserve du suivi d’un minimum de bénéficiaires et de la réussite à un entretien d’autoévaluation.
- L’accès à la formation continue constitue une véritable opportunité : en 2023, Formadom (organisme certifié Qualiopi) a permis à plus de 350 salariés de Nouvelle-Aquitaine d’avancer d’un niveau via des modules courts « Techniques d’aide à domicile », « Prévention des risques professionnels » ou « Communication dans l’accompagnement ».
- L’option VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) permet de valider l’expérience terrain pour viser le Diplôme d’État d’Accompagnant Éducatif et Social (DEAES), le CQP Assistant de vie ou le DEAVS (Diplôme d’État d’Auxiliaire de Vie Sociale).
Exemple : Sophie Rivière, salariée chez UNA Loiret, obtient en juin 2024 son passage du degré 1 échelon 2 au degré 2 échelon 1, après avoir suivi la formation « Communication avec les personnes âgées désorientées » délivrée par IFAS Orléans.
Conditions d’exercice et reconnaissance du métier #
L’exercice d’aide à domicile au degré 1 échelon 2 combine contraintes organisationnelles et nécessité d’agir avec méthode, en autonomie. Chaque salarié doit s’adapter à des plannings souvent morcelés, gérer les déplacements inter-adresses, et rendre compte de chaque intervention en complétant des rapports d’activités exigés par les structures comme ADAR Lyon ou ASSAD Haute-Savoie.
Les conditions de travail, parfois pénibles, se traduisent par :
- Horaires décalés : journées entrecoupées, séquences du matin et du soir, amplitude horaire large (6h30 – 21h00 sur certains secteurs).
- Mobilité accrue : moyenne de 25 km/jour parcourus à Paris ou Montpellier, nécessité d’un véhicule personnel avec une indemnité de déplacement fixée selon la convention collective nationale.
- Gestion des situations d’urgence : personne en chute, symptôme inhabituel, rupture d’approvisionnement alimentaire – nécessité de signaler sans délai via la plateforme Teams ou l’application Kinéa, déployée par Domidom Services à Toulouse en 2024.
La reconnaissance statutaire et financière demeure limitée : le salaire brut moyen d’un salarié degré 1 échelon 2 s’élève à 1 615 € mensuel (grille 2024, source Association Services à Domicile 66). Selon le dernier rapport France Stratégie, 77% des salariés estiment le niveau de valorisation insuffisant au vu des contraintes et de la technicité requise. La faible évolution salariale, en comparaison à l’auxiliaire de vie sociale (DEAES, niveau V), incite près de 30% des salariés à envisager une reconversion avant 3 ans.
Valorisation, enjeux et défis quotidiens à l’échelon 2 #
À l’échelon 2, chaque intervenant participe activement à la prévention de la perte d’autonomie, au bien-être psychologique et à la sécurisation du quotidien des personnes vulnérables. Ce rôle de maillon fondamental du maintien à domicile s’exerce pourtant dans un contexte où l’exposition à la fatigue, à la monotonie ou à la violence verbale demeure sous-estimée, comme l’a démontré l’étude INRS 2023, mettant en lumière un taux de 12,3% de déclarations d’accidents du travail dans le secteur.
- Le manque de reconnaissance se manifeste par une faible progression du coefficient salarial, malgré l’intensification des interventions liées au vieillissement des bénéficiaires et à la montée des pathologies chroniques (données ARS Île-de-France, 2024 : 23% des bénéficiaires ont plus de 85 ans).
- La fidélisation des professionnels représente un défi majeur : des réseaux comme Ouihelp Paris et O2 Care Services misent depuis 2022 sur la mise en place d’avantages extra-salariaux (primes d’assiduité, participation aux transports, dispositif d’écoute psychologique) pour limiter le turnover, qui atteint encore 32% en moyenne nationale.
- La valorisation du métier passe par l’innovation : le déploiement de solutions numériques (myDevoirs, AutonomyCare), mais aussi la création d’équipes « référentes » permettant d’accompagner un nombre réduit de bénéficiaires sur la durée, favorisant la qualité de la relation humaine et la personnalisation de l’aide.
Notre avis : face à la complexification des parcours de vie, au vieillissement démographique accéléré (plus de 20 millions de personnes âgées projetées en France à l’horizon 2030, source INSEE), investir dans la montée en compétence, la reconnaissance sociale et salariale ainsi que dans l’accompagnement psychologique des intervenants de degré 1 échelon 2 constitue une priorité. Les employeurs, collectivités et législateurs doivent accélérer la transformation du secteur afin d’attirer, stabiliser et valoriser ces professionnels, dont l’expertise sociale s’avère déterminante pour la cohésion et la solidarité des territoires.
Plan de l'article
- Décryptage du « Degré 1 Échelon 2 » pour l’Aide à Domicile : Missions, Évolution et Réalité du Métier
- Définition concrète de l’échelon 2 au sein du degré 1
- Contours et spécificités des missions à ce niveau de la grille
- Évolution professionnelle et perspectives de formation
- Conditions d’exercice et reconnaissance du métier
- Valorisation, enjeux et défis quotidiens à l’échelon 2